Afour Rhizome, un exemplaire des archives variées, installation des fiches, des banderoles des citations et des boîtes des textes, exposition « Entre-positions », Fanatikart & Fabrik coopérative, Paris, 2015.
Afour Rhizome, une fiche où est décrite la réflexion sur des formes variées pour la construction des archives.
« D'une certaine façon, le vocable renvoie bien, comme on a raison de le croire, à l’arké dans le sens physique, historique ou ontologique, c'est-à-dire à l‘originaire, au premier, au principiel, au primitif, bref au commencement. Mais plus encore, et plus tôt, "archive" renvoie, à l’arkhé dans le sens nomologique, à l’arkhé du commandement. Comme l’archivum ou l’archium latin (mot qu'on emploie au singulier, comme on le fit d'abord pour le français "archive" qui se disait jadis au singulier et au masculin : "un archive"), le sens de "archive", son seul sens, lui vient de l’arkheîon grec : d'abord une maison, un domicile, une adresse, la demeure des magistrats supérieurs, les archontes, ceux qui commandaient. Aux citoyens qui détenaient et signifiaient ainsi le pouvoir politique, on reconnaissait le droit de faire ou de représenter la loi. Compte tenu de leur autorité ainsi publiquement reconnu, c'est chez eux, dans ce lieu qu'est leur maison (maison privé, maison de famille ou maison de fonction), que l'on dépose alors les documents officiels. Les archontes en sont d'abord les gardiens. Ils n'assurent pas seulement la sécurité physique du dépôt et du support. On leur accorde aussi le droit et la compétence herméneutiques. Ils ont le pouvoir d’interpréter les archives. » Derrida, Jacques, Mal d'Archive, Paris, Galilée, 1995, p. 12-13. (le mot-clé de fiche : archive)
« S'il semble que le "mal d'archive", dont la culture et l'art contemporain étaient empreints ces temps-ci, soit petit à petit en train de passer, après une apogée entre la fin des années 1990 et l'après 2010, cela ne veut nullement dire que la tendance de l'"archives" s'apprête à disparaître. Bien au contraire. Il devrait désormais être évident pour tous que nous vivons une mutation colosalle, dont nous commençons à peine à saisir les implications. Je veux dire par là que cette mutation concerne bien davantage notre conception de la mémoire et de la subjectivité et notre relation globale à la technologie que le passage culturel de l'analogique au numérique, bien que ce dernier joue un rôle central dans ce qui fera l'objet de ces remarques. Toutefois, il semble particulièrement intéressant que ce soit la photographie que ait été à la fois le catalyseur et le vecteur de cette évolution. Évolution qu'il serait tentant d'appeler un changement de paradigme à tous les sens du terme. Reste à savoir comment en rendre compte, et quelles en sont, ou seront, les conséquences ? » Krzysztof Pijarski, « Gestes d'archives », Artpress 2, n° 34, aout/septembre/octobre 2014, p. 92.